Golf et safari en Afrique du Sud

AFRIQUE DU SUD

Golfs exceptionnels de la brousse

Entre deux safaris avec des paysages sublimes, un voyage golfique unique vers des parcours classés parmi les meilleurs du monde.

Extrait du Figaro Magazine du 28 octobre 2011 (Photo Eric Martin).

Le Parc Kruger est presque à une portée de drive. La Crocodile River nous sépare de toute velléité : pas question de rejoindre, à pied ou à la nage, la troisième plus grande réserve d’Afrique. Sécurité maximale, aussi, devant l’entrée d’un des plus beaux parcours de golf du monde. Le poste d’entrée ressemble à celui d’une ambassade. L’écrin, ultra protégé par des dizaines de caméras avec un poste de surveillance très sophistiqué, cache des dizaines de villas. Achetées très chères avec des contraintes drastiques : interdiction de louer, visiteurs obligatoirement annoncés. Au cœur du vaste domaine, un oasis d’un vert parfait.

Le Leopard Creek et ses premiers 18 trous sont nés de la richesse de Johann Rupert. Avec la deuxième fortune d’Afrique du Sud, le président de l’empire de luxe Richemont (Cartier, Lancel, Dunhill, Montblanc,…), passionné de ballon ovale et de petite balle blanche, a souhaité un golf exclusif au nord-est de son pays. Le club est presque uniquement réservé aux 500 membres. « Presque » parce que les clients de lodges touristiques partenaires (qui sont rares) ont le privilège de bénéficier de green-fees. Avant d’exécuter son premier swing sur ce bijou, Derek Murdoch, le directeur, ferme mais accueillant, prévient : votre tenue doit être soignée avec chemise à col. Et le téléphone portable ne peut être utilisé que dans une partie réservée du clubhouse. Vaste bâtiment intégré au site, dans un esprit so british où les vestiaires avec ses traditionnels casiers de bois précieux ne sont jamais utilisés par les membres. Trop pressés d’aller en découdre avec le parcours.

Il faut de l’abnégation pour tenter de dompter le Leopard Creek. Les trois premiers trous vous offrent la sensation d’un départ en douceur. Ensuite, ne plus avoir d’états d’âme, entre humilité et orgueil, désir de bien jouer et plaisir de profiter d’un dessin très affuté sur un site exceptionnel. Gary Player, le grand champion sud-africain, qui a dessiné nombre de parcours parmi les 600 de son pays, a tenu le crayon en premier. Son rival Jack Nicklaus est venu ajouter sa patte, sur l’invitation de Johann Rupert, pour modifier les greens selon la culture américaine. L’union est saisissante, avec un entretien sublime.

On oubliera très vite les petits roughs qui exigent des poignets solides et ces greens si rapides, aux pentes mathématiques, pour retenir les rencontres improbables sur un parcours de golf : quatre girafes devant un green, un crocodile près d’un bunker. Derek Murdoch, avec flegme, nous précise : « la voiturette est obligatoire. Pour des raisons de sécurité ». Et le directeur nous montre au clubhouse ce tableau où les résidents mentionnent la visite d’un léopard dans le domaine. Le dernier visiteur tacheté s’est aventuré il y a une semaine.

A la rencontre des « Big Five »

L’espace des animaux sauvages est sans limite. Comme l’a voulu Paul Kruger, président de la République du Transvall, qui en 1898, décide de créer un parc national, le plus vaste du continent, pour enrayer la disparition de la faune. On traverse son œuvre en profitant de la surprise de rencontres sans jamais quitter la route goudronnée. A 50 km/h pour trois heures, les yeux rivés vers un bosquet qui s’anime sous les dents d’un rhinocéros, vers des oiseaux multicolores qui virevoltent au passage de l’auto des humains.

A l’ouest du Parc Kruger, des dizaines de réserves privées proposent des safaris pour être encore plus proche de cette faune exceptionnelle. Celle de Mala Mala est la plus ancienne. En 1927, la propriété était un ranch de bétail, menacée par les lions. Devenue alors pavillon de chasse jusqu’en 1960, elle est rachetée et agrandie par la famille Rattray qui décide de créer la plus grande réserve animalière privée d’Afrique du Sud. Le propriétaire, avec son élégante canne et malgré son âge avancé, est toujours présent pour un petit mot à chaque table : « Avez-vous vu assez d’éléphants ce soir ? ». Effectivement, un beau groupe, éléphanteaux compris, accompagne le dîner. Ce n’est qu’un apéritif. Chaque matin, à l’aube, et chaque fin de journée, les safaris s’enchaînent avec l’assurance d’admirer de longs moments les « Big Five ». Evolueront donc tout proche du 4×4 décapotable d’un ranger incollable sur la vie sauvage mais armé (« pourtant, je n’ai jamais tiré », précise-t-il), indifférents au genre humain, une colonie de lionnes maternelles et des mâles paresseux. Plus loin, rhinocéros, éléphants, buffles. Et, au retour, une jeune femelle léopard qui s’approche doucement du lodge.

Le compte est fait. Pour les cinq animaux le plus recherchés, nous pouvons inscrire notre « score » à la craie sur le tableau, derrière le bar, dans la pièce ornée des trophées de l’ancien temps. Manque seulement la chasse d’un fauve sur un troupeau d’impalas et autres antilopes qui n’oublient pas de se réfugier autour des chambres.

De grandes heures de safari sont aussi proposées au Legend Resort, plus à l’ouest. En arrivant, la majestueuse Hanglip Moutain domine. Avec la rivière Limpopo à ses pieds. Au cœur de la savane, il fallait oser : construire un golf avec un concept unique. Chaque trou est dessiné par un champion de différentes nationalités. Avec l’Afrique du Sud au départ et à l’arrivée. On part du 1 avec Immelman, on revient au 18 avec Goosen. Entre temps, Langer (Allemagne), Campbell (Nouvelle-Zélande), Montgomerie (Ecosse) ou Garcia (Espagne) ont planché sur la table d’architecte. Comme le n°1 français, Raphaël Jacquelin, qui signe le trou n°11 et raconte : « Je pense qu’on m’a choisi pour développer une certaine stratégie. J’ai consulté les plans, participé à quatre réunions, étudié les vents dominants et les dénivelés, et j’ai opté pour un par 5 « challenge » où le risque peut être récompensé ».

Le résultat de ces « architectes-champions » est bluffant, pour le « plus long golf du monde » (7 782 m) voulu par les concepteurs. Le parcours, encore jeune (2007), mérite de mûrir pour profiter pleinement de greens et de fairways irréprochables. Mais ils doivent aussi subir les « assauts » de zèbres et de gnous qui peuvent, en traversant votre piste de jeu, vous estomaquer en plantant votre tee. Et vous rappeler que la nature est encore dans son élément. Le clou de la visite au Legend est connu sur la planète entière. Un petit vol d’hélicoptère pour quinze minutes vertigineuses, un départ pour l’Extreme 19e trou, un drive au-dessus du green en forme de continent africain, 360 m de distance, 430 m de dénivelé. Avec un prix d’un million de dollars pour le premier « trou en un ». Le vestige peut vous prendre. L’adrénaline s’ajoute. Comme la sublime conclusion d’un voyage où la passion du golf et l’amour des animaux s’entrelacent à merveille.

Denis Lebouvier (pour Le Figaro Magazine du 28 octobre 2011)

Le reportage sur LE FIGARO GOLF : Afrique du Sud : en brousse, deux golfs d’exception

Extrait du Figaro Magazine du 28 octobre 2011 (Photo Eric Martin).

 

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