Golfs à Singapour, Sentosa, Marina Bay. Et Bintan en Indonésie

SINGAPOUR ET BINTAN

Le golf asiatique en pleines lumières

Sur le petit état comme en Indonésie, toute proche, les parcours sont d’une rare qualité. A Sentosa et à Bintan.

Extrait du Figaro Magazine du 1er juin 2012, photos Eric Martin.

Dès potron-minet, l’arrivée sur les greens du golf de l’île de Sentosa est saisissante. Au moment précis où le jour commence à gagner son match sur la nuit, la présence de ses millions de petites lumières qui vont commencer à s’éteindre donne une illusion extra-terrestre. La mer impose sa puissance, celle de pourvoir transporter à travers le monde ces centaines de navires qui patientent des jours durant dans la baie de Singapour.

L’un des golfs les plus réputés de la planète cohabite donc avec le deuxième port mondial de conteneurs, tout juste détrôné par les Chinois de Shanghai. Et si le mariage du fer et du vert est unique, s’impose une visite indispensable sur les deux parcours de l’île ludique de Sentosa, la plus grande de la « ville-état » de Singapour. Serapong est le plus coriace, le plus spectaculaire. Le théâtre du très convoité Barclays Singapore Open et, tout récemment, de la finale mondiale de la BMW Cup, demande un sérieux niveau pour ne pas trop perdre sa confiance. Les trous sont longs, les obstacles nombreux et intraitables, qu’ils soient aquatiques ou sablonneux. Imaginé par Ronald Fream, remodelé depuis, le nouveau dessin a préservé ses situations en pente et ses greens fort bien défendus.

Le second parcours, Tanjong, élaboré le premier par le journaliste anglais Pennink en 1972, conviendra mieux aux frappeurs le plus modestes. Sa dernière rénovation, qui aura coûté la bagatelle de 40 millions de dollars, a encore embelli le site dans cet oasis incroyable, entretenu, manucuré au summum sur l’échelle de la qualité, au cœur de la cité champignons.

Singapour n’en finit pas de pousser. Car l’ancienne colonie britannique du fondateur Raffles, indépendante depuis 1959, s’est vue refuser une union par le voisin malaisien. Pas d’autres choix, alors, que de survivre avec une expansion économique poussée à outrance. La puissance du port, sur une route maritime hautement stratégique, fut la base de toutes les extravagances immobilières. Chaque année ou presque, le paysage de Singapour se transforme notoirement.

La dernière « folie » s’élève à 200 m sur trois tours. Au sommet de la vaste structure en forme de coque de navire, un restaurant très haut de gamme et une immense piscine qui permet d’enchaîner les longueurs entre terre et ciel. Au dessus d’un vaste centre commercial fréquenté par les plus grandes marques internationales du luxe et par l’un des deux seuls casinos de l’état, les tours offrent pas moins de 2 500 chambres. La plus spectaculaire : la Présidentielle de 600 m2 comprenant un piano, une salle de fitness, une salle de sports et même une salle de karaoké. De quoi ne pas regretter les 8 700 € facturés pour une nuit !

Au pied de l’improbable triptyque, des points lumineux intrigants, sur fond de verdure. Avec des ascenseurs rapides comme une balle, il est aisé de découvrir l’un des rares parcours nocturnes du monde golfique. Le Marina Bay Golf n’a que six ans mais il fait déjà parler de lui. Car c’est d’abord le seul des treize golfs qui soit public. Et les passionnés se bousculent. Pour investir l’immense practice « à la Japonaise » sur quatre niveaux. Mais, surtout, pour s’offrir une balade nocturne exotique. Les 18 trous, dessinés par Phil Jacob, sont entièrement éclairés trois jours par semaine. Deux-cent poteaux assez discrets portent 1000 projecteurs d’une luminosité différente : forte sur le tee de départ, moyenne sur les fairways, intense sur les greens. Le dessin en lui-même, s’en être spectaculaire, s’avère intéressant à jouer afin d’éviter les petits bunkers profonds qui donnent un air de links écossais dans le sud-est asiatique.

Pour s’étendre et satisfaire ses soifs de nouveauté, Singapour exploite au maximum son île de Sentosa avec une multitude d’attractions dont le très intéressant parc Universal Studios qui utilisent parfaitement ses films à grand succès. Aux alentours de Marina Bay, l’état minuscule s’agrandit toujours, avalant des tonnes de sable pour vaincre la Mer de Chine méridionale. Tout dernier exploit : la construction de Gardens by the Bay, qui vient d’être inauguré, et qui propose un long voyage sur la connaissance de toutes les espèces végétales du monde. L’imagination, pour l’élévation d’une serre abritant notamment une petite forêt de baobabs, est sans limite. Bien évidemment à l’image de Singapour. Il serait toutefois dommage de quitter le centre-ville sans déambuler dans ses quartiers typiques d’un autre siècle. Indiens, Arabes et bien entendus Chinois. Dans ce dernier, au centre de sa rue principale, se visite toujours le plus ancienne maison chinoise, celle qui, dans ses pièces minuscules, accueillait des familles nombreuses au plus fort de l’immigration laborieuse.

Une heure suffit pour quitter l’effervescence et plonger dans la jungle et les plages indonésiennes. Les résidents de Singapour raffolent du ferry, s’évadant à Bintan. Au cœur de la forêt luxuriante se cache encore un trésor. Le golf de Ria Bintan peut largement figurer dans le peloton de tête des meilleurs classements. Une merveille signée (comme souvent) par l’ancien champion sud-africain Gary Player.

On plonge avec délice vers le parcours de l’Océan. Après six trous de mise en bouche entre les essences variées et en faisant attention aux serpents (parfois des cobras !) qui peuvent être redoutables dans les hautes herbes, le turquoise de l’eau vous saute aux yeux. Sur ces trous qui longent la plage, il est parfois difficile de se concentrer face à tant de beauté. Ce n’est pas la bonne stratégie. Si, sur chaque trou, Ria Bintan propose un univers si différent qu’on ne peut s’ennuyer, sa perfection comprend aussi un dessin fort exigeant et un entretien impeccable grâce notamment, à des dizaines de petites mains qui s’activent chaque matin sur les greens. A profiter de toute urgence car un vaste programme immobilier est déjà sur le tee de départ. Ici aussi on veut construire…

Denis Lebouvier (pour Le Figaro Magazine du 1er juin 2012)

Le reportage sur LE FIGARO GOLF : Singapour : le golf asiatique en pleine lumière

 

 

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