Vidéo aérienne du golf de Carantec – Bretagne
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Site magnifique pour le golf de Carantec avec notre vidéo aérienne.
Parcours du golf de Carantec – Le petit bijou de la baie
La signature claque comme une référence mondiale : Martin Hawtree. Celui qui a signé les dessins de Ballybunion, Portmarnock, ou du Royal Birkdale s’est un jour posé sur la plage du Clouët dans la baie de Morlaix. L’architecte anglais avait juste un petit bijou à magnifier.
En respectant la tranquillité du site, les neuf trous de Carantec s’inscrivent ainsi parfaitement dans la tradition littérale des links où rien ou presque ne sépare les roughs du parcours du domaine maritime. Aussi, tout en naviguant autour du château Kernones, l’œil est souvent accaparé par le rythme de la marée. La vigilance est pourtant conseillée pour demeurer dans le jeu et respecter la devise de la famille de Kermenguy, propriétaire de la bâtisse du XVème siècle : « Tout pour le mieux ».
Infos pratiques
Création : 1992
GPS
Green-fee (9 trous) : 33 €
9 trous
W 03°54’34’’
Voiturette : 16 €
2.310 m, par 34
N 48°39’41’’
Fermé le mardi matin en Basse-saison, les 25/12 & 01/01
Adresse : Rue François de Kergrist, 29660 Carantec
Mets et logis
Restaurants
Patrick Jeffroy
En bénéficiant d’une superbe vue, la cuisine du grand chef de l’Hôtel de Carantec est l’une des plus remarquables de la vaste Bretagne. Produits sublimes et grande classe. Table étoilée.
Tarif : menu à partir de 52 €
Adresse : 20 rue du Kelenn, 29660 Carantec
Téléphone : 02.98.67.00.47
Site Internet : hoteldecarantec.com
Le Rackham
Face au chenal entre Roscoff et l’île de Batz, dans les pas des corsaires, le repaire est résolument tourné vers l’avenir et vers les horizons lointains avec des plats originaux. Table étoilée.
Tarif : menu à partir de 48 €
Adresse : 27 place Lacaze Duthiers, 29680 Roscoff
Téléphone : 02.98.61.14.23
Hôtels
Le Britanny & Spa
L’ancienne propriété de négociants, manoir du XVIIème siècle, est devenue un Relais & Châteaux qui fait fièrement face au large entre le port de plaisance et la cité historique. Restaurant gastronomique. Spa. Accès direct à la plage.
Tarif : Chambre à partir de 120 €
Adresse : Boulevard Sainte-Barbe, 29680 Roscoff
Téléphone : 02.98.69.70.78
Site Internet : hotel-brittany.com
Le Temps de Vivre
La réunion de plusieurs maisons corsaires a fomenté, autour d’un patio, un hôtel de charme avec de grandes chambres. Le mariage entre les vieilles pierres et le style design contemporain est réussi.
Tarif : Chambre à partir de 128 €
Adresse : 19 place Lacaze Duthiers, 29680 Roscoff
Téléphone : 02.98.19.33.19
Site Internet : letempsdevivre.net
Incontournables
Ile de Batz
Après seulement un quart d’heure de navigation, Batz offre un dépaysement rafraîchissant. L’île s’étire d’est en ouest sur une petite longueur de 3,5 km. Avec une école et un collège, la vie des 500 habitants se partage entre l’agriculture, la pêche et les services dont plusieurs commerces et activités artisanales.
Traversée : 9 € l’aller-retour, 4,50 € pour les enfants de 4 à 11 ans
Téléphone : 02.98.61.75.47
Site Internet : iledebatz.com
Les maisons de Morlaix
A pan de bois, les maisons à pandalez de Morlaix furent érigées au XVIème siècle par les riches négociants de toile de lin. Précieux héritages de la renaissance bretonne, leurs colombages surplombent en encorbellement les ruelles autour de la place Allende. La maison Penanault, manoir de pierre, abrite l’Office du Tourisme.
Téléphone : 02.98.62.14.94
Site internet : tourisme-morlaix.bzh
Denis Lebouvier
Hors limites
Visite de 29680 Roscoff – 30 km A/R du golf de Carantec
Tristan Corbière, « an Ankou » de Morlaix à Roscoff
Les gamins de Roscoff l’appellent « an Ankou », ce spectre de la mort. Il rôde dans les venelles, fait des bords dans les récifs, s’attarde volontiers à la pension Le Gad, rue du Quai (rue Amiral Réveillère). Fantôme au long nez, pipe au long bec, sapé breton, difforme et laid, toujours suivi de son chien, un immonde barbet crotté. Mais, c’est un fils à papa, le riche Edouard Corbière, de Morlaix, celui qui dirige la compagnie de vapeurs pour Le Havre, alors on n’insiste pas trop : on ricane, on jase. Ne vit-il pas seul, à 20 ans, avec la servante Marie, 25 ans, dans cette grande maison voisine de Notre Dame de Croaz Batz ? Il ne fait rien, il ne travaille pas, il a de l’argent. Il va mourir de toute façon, ça se voit sur sa figure. L’Ankou, comme petit nom, c’est vraiment une bonne idée. Avec le séculaire figuier dans le jardin du maire, c’est bien lui la seconde curiosité de Roscoff ! Mais mon « vieux Roscoff », tu crois vraiment que tu vaux mieux que moi, tiens, écoute un peu et va cuver ton océan :
« Trou de flibustiers, vieux nid
A corsaires ! – dans la tourmente,
Dors ton bon somme de granit
Sur tes caves que le flot hante… »
Tristan Corbière ne peut rien faire : « L’art ne me connait pas, je ne connais pas l’art « . Choses des riens, la vie, les mots, les lignes, la lumière, les mendiants du pardon de Sainte-Anne d’Auray. Des visions, des songes, des abimes ricaneurs. Une sorte de paysage étrange, de granit et de sel, vide, à roc et à marée, une Bretagne noire, grise, brune, celle des cauchemars et des derniers moments. Terminé, néant du Casino des Trépassés : « Sous le manteau, des escabelles pour le bonhomme Homère, le docteur Faust, le curé Rabelais, Jean Bart, saint Antoine, Job le lépreux, et autres anciens vivants, un trou pour les grillons, s’ils veulent. Une torche en veille piquée près de la crémaillère ; partout des crampons pour accrocher le sabot aux allumettes, la boîte au sel, les andouilles, le rameau bénit, les bottes suiffées ; un fer à cheval qui porte bonheur » .
Il s’amuse bien aussi dans la bibliothèque de papa à déboulonner l’Océano nox du Victor Hugo avec « La fin » :
« Oh ! combien de marins, combien de capitaines ,etc… »
Eh bien, tous ces marins- matelots, capitaines,
Dans leur grand Océan à jamais engloutis…
Partis insoucieux pour leurs courses lointaines,
Sont morts- absolument comme ils étaient partis.
Allons ! c’est leur métier ; ils sont morts dans leurs bottes !
Leur boujaron au cœur, tout vifs dans leurs capotes…
– Morts… Merci : la Camarde a pas le pied marin ;
– Eux, allons donc : Entiers ! enlevés par la lame,
Ou perdus dans un grain…
« Je parle sous moi » dit le poète infirme des Amours jaunes , publié grâce aux sous d’Edouard en 1873, mais introuvable en 1880 déplore la nouvelle poésie. « Ce stupéfiant Corbière « , continuateur de Villon, Paul Verlaine l’associe à Rimbaud et Mallarmé, en 1884, dans Les poètes maudits , extraordinaire brochure s’il en est. Ils ne font pas du beau mais du vivant, ils n’ont « rien d’impeccable, c’est-à-dire d’assommant « , et « Corbière était en chair et en os, tout bêtement « .
Pour l’heure, le grand homme de la famille, l’artiste chez les Corbière, c’est le père. De 1832 à 1846, il écrit des romans maritimes où un monde interlope s’entretue et se viole dans un langage à la frénésie mesurée : franc-succès. Mais le bonhomme se range et se consacre au développement de la navigation à vapeur. C’est un homme important de Morlaix, si on le croise, on soulève son chapeau. Au 38 quai du Léon, on vit dans la routine prospère des bourgeois. Edouard-fils trompe son ennui en se plongeant dans Le Négrier , premier succès d’Edouard-père, dans ses histoires de pirates, de pontons minables et héroïques, de nuits poisseuses, de tempêtes formidables. A part lire et rêver, il ne peut rien faire d’autre. Il a dix-sept ans et le verdict tombe : il est malade, sans rémission possible. Son père l’adore, devine très bien le génie étrange, nouveau de ce fils singulier. Sa mère le chouchoute, son oncle Edmond le réconforte. Il n’en peut plus. De son nom aussi : E-dou-ard Cor-biè-re, un corbeau qui croasse, selon lui. Tristan, ce sera mieux, Tristan Corbière. Alors, Tristan Corbière part de Morlaix pour Roscoff, de plus en plus souvent. Tant pis pour la mauvaise route, monteuse, longue de tristes bruyères puis d’ennuyeux artichauts ! « Appareillage d’un brick corsaire » :
« Va donc Mary-Gratis,
Brick écumeur d’Anglais !
Vire à pic et dérape !
– Un coquin de vent frais
Largue, en vrai matelot, les voiles de l’aurore »
Les Corbière font de Roscoff, depuis 1860, leur lieu de villégiature. L’état du jeune homme empire, il est réformé en 1865. Les parents, lucides, comprenant l’inutilité de tout espoir de guérison comme les aspirations de l’écrivain, achètent aux Kermechou de Kérautern leur belle demeure bretonne. Ils veulent pour Tristan un confort de vie, la seule chose qui leur soit possible. La servante Marie veillera sur lui. Un jardin s’étend du côté de la mer. Mais l’été, le gaillard va dormir dans un hamac chez un pêcheur voisin. A l’automne, enfin seul, il s’installe avec son chien dans son cotre, Le Négrier , qu’il a fait placer dans le salon du bas. Que fait-il de ses longues journées dans cette bourgade du Finistère, loin de tout sauf de la mer et du ciel ? De la cale du Vile, il rejoint l’île de Batz, dédicataire de son poème le plus ancien connu, de 1867, « La Balancelle » ou « Le Panayoti » :
« Deux requins dans ton lit, un gare dans ton hamac
Tas d’sacrés chiens d’matelots, ouvrez-moi l’œil…cric crac ! »
Borborygmes de buveurs, gargouillis de cauchemar…Il s’échappe le long des côtes. Fraie avec ses amis peintres à la pension Le Gad où il dit ses poèmes. Voyage en Italie.
Fin juillet 1869, une visite crée l’émoi dans la petite ville : Alexandre Dumas père (le vrai, l’auteur des Trois Mousquetaires ) arrive de Morlaix. Edouard Corbière, son collègue romancier, lui a trouvé un logement. Voici la fameuse route, tant de fois prise par Tristan, décrite par Dumas dans son Grand dictionnaire de cuisine : « Le chemin de Morlaix à Roscoff n’est qu’une longue suite de vagues solides ; on monte et on descend éternellement ; ces montées et ces descentes sont assez rapides pour que dans les premières on soit obligé de monter à pied et dans les secondes de mettre le sabot ; le paysage est joli sans qu’il y ait de grands partis pris : des ajoncs, des lentisques, des bruyères et, de temps en temps, un de ces grands ormes tourmentés qui se tordent en montant désespérément en l’air. Enfin, on aperçoit les trois clochers de Saint-Pol, et presqu’en même temps, à droite, la mer (…).
De Saint-Pol à Roscoff, la route s’étend unie comme un tapis de billard, quoiqu’il y ait une déclivité assez sensible vers Roscoff ; de Roscoff à Saint-Pol la plaine tout entière est plantée d’artichauts et d’oignons, qui suffisent à un commerce éternel entre Roscoff et l’Angleterre. Enfin, on arrive à Roscoff par une sorte de forêt. C’est la propriété du maire du pays dont le jardin renferme un figuier phénoménal : on peut mettre cent cinquante personnes sous son couvert, et ses branches sont soutenues par cinquante piliers de granit »
Cet extraordinaire figuier, planté en 1620, sera abattu en 1987. Le jardin de l’abbaye de Daoulas a pieusement replanté des boutures de l’arbre vénérable.
Refermons la parenthèse, nous arrivons, de toute façon, place Notre-Dame de Croaz Batz : « Comme nous ne savions pas où était le logement arrêté pour nous par M. Corbière, nous allâmes le relancer chez lui. Il y était ; et il accourut du seuil de sa porte « . Rue de la Rive, le boulanger loue cinq chambres et une cuisine dans une maison bien à « trente pas de la mer » , mais dont la vue est totalement obstruée par des massifs et des taillis ; les cinq chambres ne sont pas « « belles « , elles sont « désagréables » ; la cuisine est vide de tout et Mary la cuisinière déclare à Alexandre Dumas, lugubre : « Je préviens monsieur qu’il ne trouvera absolument rien à manger ici » ! (Au 46 de la rue Gambetta une plaque commémore ce séjour).
Ca s’annonce très mal en effet…Mais, même à Roscoff, qui n’est pas secrètement tombé amoureux de Milady, qui n’a pas rêvé de Buckingham, qui n’a pas tremblé pour Portos ? Mary, ahurie, accourt : le miracle tout profane des admirateurs amoncelle dans la cuisine gibier du braconnier, tourte de l’aubergiste, homard du pêcheur : un pour tous, tous pour un ! Pendant les trois mois de rédaction du Grand dictionnaire de cuisine , les agapes s’enchaînent. Les convives restent pendus aux lèvres de l’illustre père de d’Artagnan qui raconte ses souvenirs de la Révolution de 1830. Plutôt, ils tendent l’oreille, car le héros n’est plus, il bafouille, se perd, encombré de son obésité, souffreteux. Tristan supporte, Tristan s’ennuie. Il pense au fils, celui de la Dame aux camélias , de la jeune dame qui va bientôt mourir, comme lui. A bord du Négrier, il s’en va, respire l’air du large, et rigole avec ses copains du vieux qui radote son Monte-Cristo. Mais, c’en est fini, aussi, à la fin de cet été du Négrier , vendu, on ne sait pourquoi. C’est un déchirement.
En mai 1871, un couple de touristes, d’une rare élégance, Rodolphe de Battine et Armida Julia Josephina, dite » Herminie » attire l’attention du jeune homme attablé chez Le Gad. Les présentations faites, le trio sympathise, fait « des promenades en mer », devient inséparable. En septembre, le couple regagne Paris, où fument encore les ruines de la Commune. Tristan, espérant peut-être les faveurs d’Herminie, les rejoint. En vrai dandy, il se montre sur les boulevards et dans les théâtres, peintre et poète de Roscoff, mais totalement méconnu, totalement inconnu des cénacles, qui, dix ans plus tard sortiront son nom de la tombe. En août 1873, la librairie Gladys, huit titres au catalogue, publie son recueil de poésies Les Amours jaunes. Il est dédié « à l’auteur du Négrier « . Format in-18, 345 pages, 500 exemplaires. L’édition est soignée. Deux articles remarquent l’originalité puissante de l’œuvre. Des libraires de la place de la Bourse exposent l’ouvrage. Félicitations des amis. Jeu au casino. Voyages. Roscoff.
Août 1874, le poème en prose Casino des trépassés : « Oh ! la haute vie sauvage qui vivra là, messeigneurs, hôtes de céans ! » .
Le 20 décembre, Tristan, de nouveau parisien, se prépare pour rejoindre Battine et Herminie. Mais, il s’effondre. Battine, inquiet, se précipite rue Frochot et le trouve inanimé. Aussitôt, il le transporte à la « maison Dubois » (aujourd’hui hôpital Fernand Vidal). On le soigne pour « rhumatisme et pneumonie ». Tristan avertit les siens : » Je suis à Dubois dont on fait les cercueils « . A Morlaix, les parents décident de faire revenir leur fils en Bretagne, mais c’est Aspasie et non Edouard, trop âgé, qui fait le voyage. Sa mère reste dix jours à Paris, le malade se remet malgré tout et peut envisager l’éprouvant périple en chemin de fer. Le 7 janvier, Tristan est quai du Léon. Il est entouré des siens, de ses amis, il exprime peu ses pensées profondes mais désire vivement, à la mi-février, revoir l’aubergiste Le Gall, qui se rend aussitôt auprès de son ami. Tristan Corbière meurt le 1er mars, à dix heures du soir.
La maison de Roscoff, vendue en 1876 au ministère de l’Instruction Publique, devient le laboratoire de biologie marine de Henri Lacaze Duthiers. Un médaillon en bas-relief rappelle le poète.
A l’admiration de Verlaine pour l’auteur des Amours jaunes , s’ajouteront celles de Lautréamont, de Tristan Tzara, des surréalistes. Aujourd’hui, Tristan Corbière, débarrassé d’un régionalisme littéraire réducteur, est de nouveau redécouvert, aimé et défendu.
Anne Thoraval
Source
Jean-Luc Steinmetz, Tristan Corbière, Une vie à peu près, Fayard, 2011
Une vie, une œuvre, Tristan Corbière, podcast de France Culture, 2003.
www.corbiere.ville.morlaix.fr/tristan-corbiere
www.petitescitesdecaractere.com/roscoff
Galerie photos du golf de Carantec