Vidéo aérienne du golf de Brest Pen Ar Bed – Bretagne
VIDEO
Dans la campagne bretonne, le golf de Pen Ar Bed avec notre vidéo aérienne.
Parcours du golf de Brest Pen Ar Bed – La douceur du bocage breton
Calme et sérénité entre Le Conquet et Brest près de la place médiévale de Saint-Renant, entre la côte sauvage et l’arsenal de Brest : Pen Ar Bed propose une balade tranquille dans le bocage breton. Appartenant au triptyque des Golfs d’Armorique (avec Brest Iroise et Brest Les Abers), les 9 trous de Lanrivoaré s’inscrivent dans la précieuse lignée des parcours très accessibles, sans prétention, ayant notamment pour vocation de former de nouveaux golfeurs. Son petit compact, qui complète le site, en témoigne.
Infos pratiques
Création : 1996
GPS
Green-fee (9 trous) : 30 €
9 trous
W 04°38’00’’
Voiturette : 15 €
2.345 m, par 35
N 48°27’18’’
Ouvert toute l’année
Adresse : Route de Saint-Renan, 29290 Lanrivoaré
Mets et logis
Restaurants
Le Bistrot 1954
Au bout du monde, à la Pointe Saint-Mathieu, face aux îles d’Ouessant et de Molène, on ne peut guère aller plus loin pour profiter de la vigueur des produits de la mer.
Tarif : menu à partir de 34 €
Adresse : 7 place Saint-Tanguy, 29217 Plougonvelin
Téléphone : 02.98.89.00.19
Site Internet : pointe-saint-mathieu.com/fr
Auberge du Vieux Puits
Crustacés et poissons des petits ports de Porspaul et Porscave arrivent chaque matin sur le piano du maître cuisinier dans un cadre bien bretonnant.
Tarif : menu à partir de 29,50 €
Adresse : Place de l’Eglise, 29810 Lampaul-Plouarzel
Téléphone : 02.98.84.09.13
Site Internet : aubergeduvieuxpuits.com/
Hôtels
Le Château de Sable
Face à la presqu’île de Saint-Laurent, l’Eco-Hôtel profite des paysages sauvages et des chemins côtiers le long des criques préservées. Restaurant, spa et sauna.
Tarif : chambre à partir de 75 €
Adresse : : 38 rue de l’Europe, 29840 Porspoder
Téléphone : 02.29.00.31.32
Site Internet : lechateaudesablehotel.fr/
Les Voyageurs
Dans des murs de 1647, six générations se sont succédé pour offrir le meilleur accueil aux voyageurs, au cœur de la cité historique. Restaurant et bistrot.
Tarif : chambre à partir de 65 €
Adresse : 16 rue Saint-Yves, 29290 Saint-Renan
Téléphone : 02.98.84.21.14
Site Internet : hotelvoyageurstrenan.com/
Incontournables
Saint-Renan
Alors que Brest n’était qu’un petit village, Saint-Renan s’est développée durant le Moyen Age. Ce fort passé historique transpire des maisons à colombages entourant la place du vieux marché toujours très animée chaque samedi matin.
Site Internet : saint-renan.fr/
Menhir de Kerloas
Datant de l’Age de Bronze, taillé dans du granit de l’Aber Ildut, le menhir culminait à douze mètres avant d’être décapité par la foudre au 18ème siècle. Visible à 30 km à la ronde, il a longtemps servi de point de repère aux voyageurs, demeurant le plus haut menhir de Bretagne.
Adresse : Kerloas, 29810 Plouarzel
Site Internet : triskele.eklablog.com
Denis Lebouvier
Hors limites
Promenade sur la côte entre Lanrivoaré (29290) et la pointe Saint-Mathieu (29217) – 40 km A/R du golf de Brest Pen Ar Bed
Et La Cordelière sauva la Bretagne et le royaume de France…
De la bataille que se livrent la flotte anglaise d’Henri VIII et la flotte française de Louis XII, le 10 août 1512, entre la pointe Saint-Mathieu et l’anse du Bertheaume, seul est connu le combat des deux plus grandes nefs, Le Régent , anglaise et La Marie La Cordelière , bretonne. Il deviendra pourtant à ce point légendaire que la Marine française honore toujours la mémoire du capitaine de La Cordelière avec sa frégate Le Primauguet et qu’en 2012 un hommage régional a rassemblé dix communes et plus de trente associations au fort du Bertheaume.
A la Pointe Saint-Mathieu, lieu supposé de la bataille de 1512, le Mémorial national des marins morts pour la France, édifié en 1927, contribue à son tour à donner à ce combat une dimension héroïque nationale. Pourtant les récits sont rares, les sources peu fiables. On parle en tout cas d’un événement dramatique, marqué par une terrible explosion propageant l’incendie aux deux vaisseaux ennemis accrochés l’un à l’autre puis sombrant dans la mer d’Iroise.
Qu’ont-ils à roder, d’ailleurs, les amiraux d’Henri VIII au large des abers, à s’approcher du goulet de Brest ?
Louis XII a perdu sa suprématie en Italie, vaincu par la coalition de l’Empire et de l’Angleterre voulue par le pape Jules II. Henri Tudor en profiterait-il pour reprendre le flambeau des Plantagenêt, relancer une seconde guerre de Cent ans ?
La Bretagne, depuis 1499, appartient toujours à sa duchesse, la reine Anne, qui maintient ses prérogatives face à son second royal époux Louis XII, cousin de feu Charles VIII. Les Bretons sont voués à devenir des Français, on jase dans les ports et les chaumières. Cependant, le Parlement de Bretagne peut seul lever l’impôt et l’enrôlement des Bretons dans les armées du roi ne peut se faire qu’avec leur consentement.
En septembre 1500, le couple royal visite le duché, Anne ayant voulu présenter ses sujets à Louis XII. Le pays s’enthousiasme, mêle aux noms des protecteurs locaux celui de leur reine. Cinq ans plus tard une grave maladie menace la vie du souverain, très aimé pour ses mesures de justice. S’il meurt, sans descendance mâle, son épouse adorée risque bien de se voir damer le pion par l’ambitieux François d’Angoulème, fort soutenu par sa mère Louise de Savoie, persuadée depuis la prédiction de saint François de Paule que son fils accèdera au trône (sous ce règne de François 1er, la Bretagne sera rattachée officiellement à la France).
La duchesse et deux fois reine de France décide alors de demander à Dieu la guérison de Louis XII. De Blois, elle s’embarque sur la Loire jusqu’à Nantes. C’est aussi un moyen de préserver ses intérêts et ceux de son duché en cas de veuvage. Vannes, Quimper, Hennebont, Brest, Saint-Jean-du-Doigt, Dinan, Saint-Malo, Dol, Vitré : de juin à septembre, dans toute la Bretagne, ce Tro Breizh unit les supplications du peuple breton à la cause de la reine menacée. Seule Rennes, en proie à une épidémie de peste, n’a pu être visitée. Anne, partout acclamée, ne fait qu’un avec la Bretagne.
A Brest, la duchesse ne se lasse pas d’admirer La Cordelière , son navire, construit à Morlaix, revenu d’une campagne en Méditerranée. Son héraut d’armes Pierre Choque lui a d’ailleurs raconté les péripéties de l’expédition, les exploits du capitaine, Hervé de Portzmoguer. Un drôle de bonhomme Hervé de Portzmoguer, appelé parfois Primauguet, par déformation phonétique. Pas très recommandable, moitié pirate, moitié officier. Il pille un navire en 1506, récidive en 1510. L’ambassadeur s’en plaint cette fois-ci à Louis XII : « plus de trente navires ont esté, à ces dernières vendanges, pris ou pillé par le capitaine Portzmoguer » ! Bigre. Il aurait même occis un certain Jehan de Kerarert dans on ne sait trop quelles conditions.
Cette sorte de voyou des mers a grandi face à l’océan, celui du Pen Ar Bed, avec vue sur Ouessant et Molène. Le manoir familial –une famille de petite noblesse qui exploite la terre- s’élève près du chenal du Four, paroisse de Plouarzel ; autour, landes et bois. Au port voisin du Conquet, Hervé croise les marins qui reviennent de contrées jusqu’alors inconnues. Car les campagnes en Europe du Nord s’essoufflent. Les Espagnols sont largement maîtres des mers… et les Bretons quelque peu délaissés par leurs rois occupés du rêve italien. On ne sait au juste ce que fait Hervé de Portzmoguer, mais à trente ans il possède cinq navires.
En 1503, les bourgeois de Vannes en ont assez : que le roi se décide à protéger les convois ! Telle est la mission qui va échoir, justement, à Hervé de Portzmoguer, rude gaillard et bon pilote. Anne de Bretagne, toujours bien informée, aimerait bien le voir, ce Portzmoguer, mais hélas, il n’est pas à Brest en cet été 1505, en mer peut-être, oh sans doute, loin en tout cas de la souveraine dont on connait la sévérité. C’en est fini de la carrière de ce pirate, cancane la cour. Pas du tout, voilà l’homme nommé commandant de La Cordelière par Anne de Bretagne elle-même ! Incroyable, il n’y a vraiment plus de morale.
La Cordelière est la pièce maîtresse des six bâtiments royaux appelés à soutenir les combats en Méditerranée et aller sus aux Turcs. C’est une magnifique caraque de 600 tonneaux, à quatre mats, aux canons frappés aux armes de la duchesse. Anne l’aime tant qu’elle la visite deux fois. Elle est réputée dans tout le royaume, seule la rade de Brest peut la contenir. On n’a jamais vu un bateau pareil. Les Anglais n’ont plus qu’à bien se tenir.
C’est qu’ils n’arrêtent pas les godons ! Depuis l’avènement d’Henri VIII, les prétentions anglaises sur la France, à présent pourvue de tout le littoral breton, s’affirment. Du premier chantier naval à Portsmouth, ouvert en 1488, deux géants surgissent : La Mary Rose , du nom de la sœur préférée d’Henri VIII, 500 tonneaux , et surtout Le Régent , un monstre de 1.000 tonneaux . Mais la construction navale a dû s’adapter au sabord breton : des flancs des navires percés d’ouverture pour les batteries d’artillerie, désormais embarquées. C’en est bientôt fini de l’abordage pour prendre un navire. A la fin de l’hiver 1512, il ne reste plus qu’à orner les dix-huit bâtiments de bannières et d’oriflammes.
La nef royale Le Régent est particulièrement impressionnante, comme déjà triomphante dans son auréole de « tant de bannières, étendards et panons armoturés de hunes, pavois, et de toutes peintures et autres bannières que besoin est » , souligne Philippe de Clèves en connaisseur. L’escadre est confiée à l’amiral Edward Howard, une brute épaisse qui hait Portzmoguer. Les ennuis commencent et Louis XII s’inquiète. Les quinze premiers jours de mai, les marins anglais pourchassent et pillent tout ce qui flotte : navires marchands espagnols ou flamands, flottilles de pêche française. Sur les côtes du Finistère, on s’alarme à la moindre voile.
Début juin, seconde sortie du redoutable Howard. Le premier vaisseau royal, La Mary Rose , quinze canons et soixante-huit pièces d’artillerie légère dans les sabords, et dix-neuf navires cinglent vers la Normandie. Le 4, la flotte est en vue au large de Fécamp. Où vont-ils ? A Calais, Honfleur ? Ils s’éloignent, disparaissent du Cotentin ; on les voit longer les côtes de l’Armor, passer à Ouessant et Molène. Serait-ce pour Brest ? Le dimanche 6 juin, l’escadre s’immobilise, bloque tout bonnement l’entrée du goulet dans la baie de Bertheaume. Le commandant de La Cordelière , Hervé de Potzmoguer, croise au large de la Galicie. Louis XII s’est laissé surprendre. C’en est fini des Français.
Le tocsin sonne au Pen Ar Bed. Les vagues talus défensifs construits à la hâte le mois précédent n’y peuvent rien. Les chaloupes déversent les gens d’armes, renversent sans pitié les soldats bretons. Pillages, incendies dévastent le Léon jusqu’à dix kilomètres à l’intérieur des terres. C’est un premier avertissement de l’amiral Howard qui passe la nuit à bord de La Mary Rose . Les bretons pleurent leurs morts, leurs biens partis en fumée, les bêtes sont en errance ; on prie tous les saints du coin. Au château de Brest, on craint le pire : les navires de la rade sont menacés.
La flotte royale mouille à Villerville. Que vont faire les Anglais ? A l’aube du 7, l’escadre ne bouge toujours pas. Howard s’est réservé ce lundi pour venger les quelque trente navires pillés par Portzmoguer. A la pointe Saint-Mathieu, l’abbaye sonne le tocsin. Sur la falaise, il se passe des choses : c’est le manoir du commandant Hervé, il brûle ! Tout brûle ! Au Conquet, c’est la débandade. Ce n’était qu’un aller-retour des Anglais, juste le temps de ramener à bord le butin. Le lendemain, enfin ils partent…pour la presqu’île de Crozon. Les Bretons demandent une trêve et le 9, au terme de la négociation menée sur La Mary Rose , Howard, non sans mépris, donne son accord. L’amiral sait qu’il manque de vivres. Le 10, l’escadre appareille pour Portsmouth.
Mais Louis XII a cette fois-ci mesuré le danger. Le répit permet un énergique ressaisissement. De Blois, dès le 15 juin, les lettres patentes envoyées ordonnent de « dresser une grosse et puissante armée de mer » . Le 23 l’amiral du Levant, Prégent de Bidoux, quitte Marseille pour soutenir la flotte du Ponant , le 2 juillet René de Clermont est chargé de la défense de tout le littoral atlantique. Les ordres de Louis XII sont clairs et précis : guerre à l’Anglais sur mer et sur terre avec « tous princes et autres noz amis alliés et bienveillants » . L’administration doit suivre : qu’on délivre des sauf-conduits pour recevoir les otages, les soldes doivent être payées régulièrement, les troupes passées en revue.
L’ordre public doit être maintenu, l’approvisionnement assuré. Les receveurs généraux s’assurent de la levée des fonds. Anne de Bretagne jette sa flotte et ses meilleurs capitaines dans la balance. C’est le branle-bas de combat car toute « l’armée de mer » doit se rassembler au plus vite en rade de Brest. Qui tient Brest tient le royaume, ce dont Vauban se souviendra. Le 2 août, toute la flotte est à Brest, Portzmoguer arrivant bon dernier. La Louise , 790 tonneaux, 22 pièces d’artillerie lourde, est la plus grande des six nefs royales. Trois nefs appartiennent à la duchesse, La Cordelière est magnifique. Tout est prêt, on attend de pied ferme l’armée d’Henri VIII.
Au matin du 6 août, Howard s’élance de Portsmouth, le 9, son escadre est en vue au large de l’Armor. Les messagers foncent à Brest alerter l’amiral de Clermont qui, remis de sa première surprise, fait prévenir les capitaines : tous les vaisseaux devront profiter de la marée de vive eau pour franchir le goulet. Dès le soir, entre la pointe du Toulinguet et l’anse de Bertheaume, les ancres sont jetées. L’armée de Louis XII s’immobilise, pêle-mêle tout de même. A la Pointe Saint-Mathieu, guetteurs, moine et villageois fixent l’horizon. L’amiral de Clermont confère avec ses capitaines de la stratégie à adopter. Vers dix heures, semblant surgir des roches de la Chaussée des Pierres noires, des voiles…
Les godons ? Pas le temps de s’en assurer : à l’abbaye, à toute volée, on sonne le tocsin ; ventre à terre, on s’en va prévenir Clermont : des voiles ! oui, ce sont bien eux, La Mary Rose et La Mary James en avance de plus d’un kilomètre sur le reste de la flotte ! A 11 heures, un cri tombe de la hune anglaise : Français en vue ! L’avance est rapide, très rapide, bien plus rapide que prévue songe, inquiet, René de Clermont. Ses navires bien sagement emmêlés vont être surpris, il faut de toute urgence retourner dans la rade tant que la marée le permet, or dans quatre heures il sera trop tard.
Tout le monde fait demi-tour, sauf La Louise , une nef de Dieppe et La Cordelière . Ont-ils été gênés dans leur revirement, ont-ils refusé d’obéir aux ordres ? Ils sont seuls, ils sont trois, en tout cas, à faire face à l’armée d’Henri VIII. Il fait grand beau, il est midi trente, La Mary Rose canonne la Louise empêtrée dans sa manœuvre de dégagement. Son grand mat, brisé net par un boulet, s’abat, l’équipage se démène pour dégager le pont, des flancs de l’espar, des débris multiples et dangereux du gréement. Clermont parvient à la faire s’abriter dans le goulet. Terminé donc pour le vaisseau amiral du roi.
Et de un. La Cordelière s’est dégagée, ayant laissé filé son ancre. Le Sovereign , 800 tonneaux, est à présent arrivé sur le lieu du combat. Il aborde et ne canonne pas la caraque bretonne. Portzmoguer fait tirer des sabords, un mat s’effondre, Le Sovereign a raté sa manœuvre, se contentant de glisser le long de La Cordelière sous les cris de victoire des hommes de Portzmoguer. Mais Le Régent , ce monstre de 1.000 tonneaux, bourré d’artillerie, le plus grand navire anglais, la fierté d’Henri VIII, arrive à son tour. Pour son capitaine Thomas Knyvet, il est temps de briser cette Cordelière ; il renonce à aborder le vaisseau de Dieppe, magnifiquement défendu par son capitaine Berquetot.
Le Régent , hérissé d’oriflammes, appareille alors droit sur La Cordelière . Berquetot n’a pas le temps de se porter au secours de Portzmoguer, son navire vient crouler sous les grappins d’au moins cinq navires. Et de deux. Ne reste que La Cordelière , la belle nef de notre duchesse Anne et son commandant, le rude Hervé de Pen Ar Bed. Sur la côte, d’où l’on assiste au drame, on supplie tous les saints bretons. Et dans la rade, on ne bouge pas ? Que fait donc Clermont, où est-il celui-là ? C’est bien un Français, les Bretons, ils sont là, eux ! Les deux plus grands navires sont à portée. Il est 14 heures 30, il fait toujours grand beau, au ressac se mêle le vacarme de la canonnade furieuse qui s’engage, l’odeur de poudre passe sur la lande ; les mouettes, criaillant, s’enfuient. Mais que se passe-t-il ? Les nefs se sont accrochées !
Le Régent semble disparaître sous les cordes des grappins, des hommes d’armes bondissent sur La Cordelière ! On n’a même pas pris garde au silence soudain établi. Le canon s’est tu. La brise porte un son de clameur et de bruit d’armes dans le pays de Léon. Des fumées s’élèvent sur les deux bords, on distingue mal, mais c’est terrible. La Cordelière pivote, l’avant au large : Portzmoguer a fait jeter une ancre pour l’empêcher de toucher Le Régent , placé sous le vent à présent, et la préserver d’un incendie redoutable. C’est le jour de la Saint-Laurent, le supplicié du feu, nul doute qu’il va défendre les Bretons ! Comme un chevalier des gestes anciennes Hervé se bat, mais aussi son beau-père, son beau-frère. On a brûlé leur manoir ! on a détruit leurs terres ! on a tué leurs paysans ! Ca aide quand même ces choses-là quand on n’est pas loin de mourir.
On lutte pied à pied, corps à corps dans une mêlée dantesque. Cependant, des foyers s’allument partout, on ne voit plus rien, on suffoque ; un mât du Régent s’abat dans un énorme éclaboussement d’étincelles. Le feu court partout, des marins se jettent à la mer pour échapper à ce qui n’est plus qu’un énorme brasier. D’épaisses volutes noires s’élèvent dans le ciel bleu. Soudain, formidable, une explosion : la soute à poudre de La Cordelière a sauté, détruisant du même coup Le Régent . Ce qui reste des nefs s’enfonce dans la mer d’Iroise. Le 12, Howard rebrousse chemin, détruisant tout sur son passage.
Et de zéro. Combien de morts, combien de rescapés lors de cette bataille du 10 août, transformée en un combat singulier entre les représentants de l’Angleterre et de la Bretagne ? Le grossissement de la légende parle de 1.500 disparus bretons. Il dut y avoir quelques dizaines de rescapés. La mer n’a pas rendu le corps d’Hervé de Portzmoguer. Toute la Bretagne, dans un accablement fier, pleure son héros : il a mis le feu à la soute, s’est sacrifié, a sauvé Brest et le roi de France.
C’est ce qu’on ne sait pas justement. Mais les poètes, s’emparant de l’évènement, et consolant ainsi la duchesse Anne de la perte de son navire et de son capitaine, l’affirmeront. Pour toujours, Hervé de Portzmoguer et Anne de Bretagne écrivent le récit magnifique. La Bretagne, pour toujours, a sauvé le royaume. En juin 1940, voyant arriver, en Angleterre, les barques des pêcheurs partis de Sein de Gaulle n’a-t-il pas déclaré, imperturbable : « C’est le quart de la France » ?
Anne Thoraval
www.youtube.com/watch AFP, La Mary Rose à Portsmouth
Source
Max Guérrou, Le dernier combat de La Cordelière, Editions Le Télégramme, 2012
Galerie photos du golf de Brest Pen Ar Bed